Introduction

Les documents et les textes de cet article sont en grande partie issus du travail d'un administré de la commune, monsieur Jacques Leboucher, décédé en 2014, à qui je souhaite rendre ses lettres de noblesses pour le travail remarquable qu'il a pu accomplir. Que cette page lui soit dédiée et gravée à jamais dans nos mémoires collectives.

 

Ouverture sur le passé - La Houssoye au sein du canton d'Auneuil 1700-1830

Nous prendrons connaissance de la vie de la population d'alors, de son évolution, des différentes professions en partie disparues de nos jours ; mais aussi de l'évolution de l'habitat, des voies de communication, de l'agriculture, de l'industrie et du commerce avec bien évidemment un regard sur les châteaux et églises du canton.

Tout d'baord, quelques faits marquants :

 Administration

Autrefois le canton d'Auneuil était partagé entre :

Canton dAuneuil

 

Lors de l'établissement de l'administration départementale en 1790, les communes du canton actuel d'Auneuil se trouvèrent réparties entre les districts de Beauvais et de Chaumont. Par délibération du 27 brumaire an IV (calendrier républicain - 18 novembre 1795 dans notre calendrier grégorien actuel), le chef lieu du canton d'Auneuil fut transféré à Frocourt. Lors de la réduction faite dans le nombre des justices de paix, le canton d'Auneuil reçu par arrété du 3 ventôse an X (22 février 1802) l'organisation suivante : 18 communes avec comme chef lieu Auneuil.

 Il y a... 2 siècles... 3 siècles... et plus

Les bois d'Ons-en-Bray et Saint-Germain servaient de retraite aux loups. Dans les bois de La Houssoye on pouvait rencontrer : chevreuils, sangliers, renards, blaireaux et fouines.

chevreuil
sanglier
renard
blaireau
fouine

Le calcaire crayeux et les couches qui lui sont immédiatement inférieures forment la consitution géographique du canton que l'on peut diviser en 2 zones : le pays de Bray (bois et paturages) et le pays de Thelle (céréales). Toutefois la tradition locale atteste que toute la superficie du canton était couverte de bois. Le pays de Bray était originairement une forêt de châtaigniers, défrichée successivement pendant les guerres du moyen âge ; il n'en reste aujourd'hui que très peu. Le chêne et le bouleau dominent maintenant les forêts (1932).

Un point sur la météo, est-ce la même qu'aujourd'hui ?

La température dans le canton variait de -16°C jusqu'à +26°C, mais cela n'était pas uniforme dans tout le canton. En effet dans la partie septentrionale la variation de température se situait entre -10°C et +24°C, les -16°C ont été atteints du côté de Villotran. En se dirigeant vers Méru et Chaumont, il était rare que l'on descende à -8°C, par contre la température pouvait monter à +26°C.

Les grandes périodes de froid étaient généralement situées entre le 15 décembre et le 1er février. Les grandes chaleurs, généralement entre le 3 juin et le 15 août avec de nombreuses interruptions (presque toujours entre le 25 mai et le 15 juin : orages et pluies fréquents). Septembre était souvent pluvieux, octobre doux.

Le vent de Sud-Ouest, appelé vent de Corrée, régnait la majeure partie de l'année, accompagnant une température douce et humide. Le vent de Nord-Est déterminait la sécheresse, il soufflait pendant l'été, parfois en hiver au moment de très grand froid. Il en résulte que la température du canton était plus humide que sèche.

Evolution de la population sur un siècle (1720-1826)

  • Evolution du nombre d'habitants de La Houssoye entre 1720 et 2018

 

 

Sur cette courbe, nous constatons une nette augmentation de la population après la seconde guerre mondiale (1946) jusqu'en 2004. La cause est probablement la paix et des flux migratoires associés à de meilleurs conditions de vie. La stagnation observable après 2004 peut être dû au manque de logements et de terrains constructibles.

  • Evolution de la population des communes du canton entre 1720 et 1826 en %

 

 

Comme le montre la courbe ci-dessus, la commune de Valdampierre a plus que doublé sa population entre 1720 et 1826, contrairement à Villotran qui l'a vu baisser.

Division de la population en 1806 suivant les âges

  • Nombre d'habitants du Canton en fonction des âges

 

  • Nombre d'habitants de La Houssoye en fonction des âges

  • % âge du canton d'Auneuil
  • % âge de La Houssoye

 

Le recensement individuel de 1806 fait apparaître une population totale pour le canton de 9829 habitants et de 332 habitants pour la commune de La Houssoye (soit 3,8%).

  • Les tranches de 0 à 20 ans représentent 40% du canton (38% pour La Houssoye).
  • Les tranches de 20 à 60 ans représentent 49,9% du canton (53% poour La Houssoye).
  • Les tranches 60 ans et plus représentent 10,1% du canton (8,4% de La Houssoye)

On peut remarquer qu'il n'y a pas de centenaire à cette époque.

Division de la population en 1821 suivant le sexe et l'état civil

  • % sexe et état civil du canton d'Auneuil
  • % sexe et état civil de La Houssoye

 

En 1821 la population du canton est de 10064 habitants, celle de La Houssoye de 374 habitants (soit 3,7% de la population totale du canton)

Nous contatons une similitude dans le tracé de la courbe de comparaison :

  • Les femmes sont plus nombreuses que les hommes (3% du canton, 2% pour La Houssoye).
  • La population libre est de 49% dans le canton, 50,5% à La Houssoye.
  • La population mariée est de 44,6% dans le canton, 42,2% à La Houssoye.

On peut remarquer que les veuves sont 2 fois plus nombreuses que les veufs dans le canton (2,3 fois à La Houssoye).

  • Nombre d'habitants du Canton en fonction du sexe et de l'état civil

 

  • Nombre d'habitants de La Houssoye en fonction du sexe et de l'état civil

 La population dans son environnement en 1826

Communes Superficie en km² Densité de population en hab/km²
Saint-Germain-la-Poterie 6,01 68,5
Ons-en-Bray 13,95 76,9
Villers-saint-Barthélémy 15,07 60,2
Auneuil 22,14 59,2
La Houssoye 6,49 57,8
Porcheux 4,71 42,6
Jouy-sous-Thelle 12,77 64,9
Le Mesnil-Théribus 6,60 57,8
Beaumont-les-Nonains 9,53 &54,9
Saint-Paul 17,24 69,9
Rainvillers 6,5 60,2
Saint-Léger-en-Bray 4,42 59,5
Frocourt 6,44 33,6
Auteuil 11,91 33,8
Berneuil-en-Bray 15,14 47,2
La Neuville-Garnier 7,84 40,3
Valdampierre 8,67 80
Villotran 5,17 40,2

La superficie du canton est de 180,69 km² pour une population totale de 10392 personnes en 1826, soit une densité de population moyenne d'environ 58 habitants au km².

Située dans la partie septentrionale du canton, la rivière d'Avelon est le principal des cours d'eau qui sillonnent la superficie du canton. Elle a un parcours très sinueux, souvent modifié par l'homme à diverses époques. Dans la vallée de Bray se trouvait anciennement une assez grande quantité d'étangs, le plus grand avait une superficie de 36 hectares. Il fut détruit pendant la révolution et converti en prairie.

En ce qui concerne La Houssoye en 1836, le village est placé à peu près au centre de la commune qui est entièrement dépourvue d'eaux courantes. On relève sur le territoire l'un des points culminants du canton : 236m près de la mare aux loups (à l'est du village), 231m au cimetière, 225m à l'église et 222m à la mairie.

 L'habitat de 1790 à 1826

  Nombre de maisons à La Houssoye  Evolution en %  Nombre de maisons dans le canon  Evolution en %
 1790   71  -  2296 -
 1806  84 18,3 %   2611 13,7 %
 1826  110  31 %  3083 18,1 %

Les constructions en pierre sont très rares et sont généralement réalisées en silex ou en silex+briques mais le plus grand nombre est en bois et torchis (mézières).

Les toits en chaume sont généralisés dans tout le canton mais suite à l'établissement récent de tuileries dans le pays, les toits se font de plus en plus en tuiles ; cependant les effets de cette substitution sont très lent en ce qui concerne les constructions anciennes. La population malgré les incendies reste attachées aux toits en chaume.

On retiendra :

 Moeurs, instruction, délits et crimes

On trouve dans le canton, le même esprit d'ordre, de soumission aux lois, d'économie et d'amour du travail que dans l'Oise en général. La libre division des propriétés a fait disparaître du canton l'indigence et la mendicité, on compte à peine 90 individus qui avaient besoin d'assistance pour exister en 1826 ; en 1790, le nombre des indigents était de 800.

Le langage général est la langue française plus ou moins corrompue et entremêlée de locutions normandes.

Les relevés de 1824 et de 1829 indiquent que le nombre d'écoles primaires étaient de 22 (chaque commune en possèdaient une). En 5 ans, le nombre d'écoliers dans le canton a pratiquement doublé (717 puis 1415) et celui de La Houssoye est passé de 30 à 70. 18,9% de la population du canton sait lire et écrire contre 15,4% pour la commune de La Houssoye. 

Entre 1815 et 1825, 233 crimes ou délits ont été constatés. Il y a eu 5 jugements par la cour d'assises, 51 par la police correctionnelle.

 Naissances, décès et constitution physique de la population

  Naissances Décès
  La Houssoye Canton La Houssoye Canton
Nombre sur 5 ans (1822 à 1826) 46 1085 46 896
Moyenne sur 1 an 9 217 9 179
Proportion à la population 1/41 1/47 1/41 1/58

La constitution physique de la population du canton peut se diviser en 2 groupes distinct :

Lors des opérations de recrutement militaire pendant les dix années comprises entre 1816 et 1825 sur 475 hommes examinés, 137 furent réformés.

On relève :

On retiendra que la taille des hommes examinés et admis (148) est en moyenne de 1m66 et que la population semble de faible constitution ou de développement tardif. Hernies et difformités peuvent être attribuées soit à une faible complexion, soit à des travaux trop pénibles.

Toutefois il faut noter que le canton d'Auneuil est considéré comme un pays sain. Les maladies épidémiques y sont rares (fièvres en 1791, 1794, 1826 - épidémies de militaire meurtrières en 1802, 1807, 1826). La vaccine fut introduite dans le canton en 1806, mais sa mise en application se trouva fortement ralentie par la force d'inertie de la population rurale.

 Professions et métiers

Les professions et métiers

Voici la liste des 80 principales professions (ou métiers) exercées dans le canton par 4172 personnes. Il y a plus de cultivateurs dans la vallées, et plus d'ouvriers dans la région méridionale ou les propriétés sont moins divisées. Le nombre d'individus occupés aux travaux d'agriculture équivaut au tiers de la totalité. Ceux vivant de traitement sont aux autres de 1 à 40. Les gens à l'état de domesticité de 1 sur 4.

 Routes et chemins

L'ensemble des communications reconnues par l'administration dans le canton présente un développement de 168,5 kilomètres.

On dénombre :

  1. La route royale n°31 : de Rouen à Reims, terminée en 1820, elle a 14 mètres de largeur et est entretenue avec des cailloux silex. Elle est plantée en pommiers et poiriers sur 4 kms.
  2. La route royale n°181 : d'Evreux à Breteuil, passe à La Houssoye ; sa largeur est de 11,70m ou les trvaux de redressement se terminèrent en 1790. Cette route est garnie de pommiers et peupliers.
  3. La route départementale n°5 : de Beauvais à Pontoise.
  4. Le chemin de grande communication : de Noailles à Ons-en-Bray donne un accès facilité aux communes, vers les grandes routes voisines.
  5. Le chemin de grande communication : de Beauvais à Gournay, très large, il se dégrade rapidement.
  6. Les chemins communaux classés : au nombre de 65. Dans la vallée de Bray ces chemins se dégradent très vite.
  7. En chemins remarquables on peut citer : le vieux chemin de SAint-Germer, la chaussée Brunehaut qui traverse Porcheux et passe à l'est de La Houssoye, le chemin de Chaumont à Beauvais, le chemin dit de la Reine Blanche (voirie du moyen-âge), une autre chaussée Brunehaut (ci-dessous) parallèle au précédent chemin.

chaussée brunehaut

Agriculture dans le canton d'Auneuil

Les outils et les hommes

Toutes les terres labourables sont tenues en grande culture, la nature généralement lourde et compacte du sol ne permettant pas la culture à bras d'himme. Toutefois la petite culture, celle qui est pratiquée par le propriétaire lui-même, à raison de sa pauvreté et de la petite étendue de son exploitation est très répandue ; elle comprend au plus deux charrues.

Une charrue peut faire valoir, terme moyen, 35 hectares.

L'exploitation rurale la plus considérable, est la ferme de Jouy-sous-Thelle (550 hectares). Les fermes de La Houssoye, sont des exploitations de 50 à 100 hectares.

On fait généralement usage de la charrue à oreille mobile, dite tourne-oreille et charrue picarde. On y attèle deux chevaux parfois trois, voir quatre. La charrue normande avec laquelle un seul charretier conduisant de front trois chevaux, fait aurant d'ouvrage que quatre charretiers n'a pas eu de succès dans le canton.

On note l'apparition de la charrue à cinq socs, utilisée pour le dernier labour.

On utilise également, la herse à dents de fer, le rouleau ordinaire, et celui qu'on nomme hérisson ou piétineur. C'est un gros cylindre garni de chevilles à têtes grosses et saillantes ; il produit dans un champ nouvellement labouré, le même effet que le passage d'un troupeau.

Les enfants suivent la charrue et ramassent les nuisibles (tans ou larves de hannetons).

La culture de la pomme de terre exploitée qu'à partir de 1794, a apporté une amélioration notable à la nourriture des habitants, chaque petit ménage a pu ainsi élever et engraisser un porc, introduisant de ce fait une substance animale dans un régime autrefois exclusivement végétal.

Les cultivateurs aggravent la plupart des affections de leurs chevaux souvent malades, par des breuvages excitants, ou confient leurs animaux à des empiriques dont "l'effronterie" égale l'ignorance.

Les préjugés populaires dominent encore la médecine des animaux ; c'est ainsi qu'on redoute l'usage de la saignée ! On ne manque jamais de joindre à une ration entière d'aliments à l'animal, une boisson fermentée, au risque d'amener les graves désordres. Cette habitude de donner des boissons fortifiantes et une forte alimentation, dans toutes les affections morbides, a sa source dans la médecine domestique des campagnes ou elle détermine aussi des accidents nombreux et souvent funestres.

Les vaches amenées de Normandie à l'age de quatre ans, perdent quelquefois un ou deux trayons. Celles de la vallée sont souvent attaquées de la "fourche", sorte d'affection inflammatoire de la peau qui réunit les deux onglons ; elle cède aisément aux émollients et aux soins de propreté. C'est ainsi qu'une croyance populaire affirme, que les herssons qui sont fort communes, ont l'habitude de traire les vaches ; aussi leur fait-on une guerre tenace !

Le travail de la terre

Assolement, labours : L'assolement triennal est encore pratiqué dans le canton. Les terres à blé et à seigle reçoivent quatre labours : un pendant l'hiver (dit lever de jachère), un autre en juin ou juillet (dit retailler), un troisième en août ou septembre (dit tierce) et enfin un quatrième entre le 1er octobre et le 11 novembre. Pour l'avoine, on donne deux labours et souvent deux hersages, un très léger labour pendant l'hiver (dit froisser), et au printemps, un labour profond sur lequel on sème. Pour l'orge, la terre reçoit trois façons, une dans l'hiver, une autre au printemps, et une troisième après laquelle on sème.

Quand les semailles sont sèches, on ne détèle jamais, que l'attelé, c'est à dire le labour fait depuis la matinée jusqu'à midi, ou de midi jusqu'au soir, ne soit semée, hersée et passée au rouleau.

Engrais : Le fumier est employé sur toutes les terres dans la proportion de deux fumerons par are, terme moyen, ce qui correspond pour un hectare à 25 voitures tirées par quatre forts chevaux. On se sert de préférence des fumiers de cheval et de mouton pour les terres argileuses, et de fumier de vache pour les terres calcaires.

Le marnage : pratiqué dans toutes les communes (avec l'utilisation des couches supérieures de la craie)

Le parcage des moutons : quoique pratiqué partout, n'est pas considéré comme engrais

Le platre : utilisé sur les prairies artificielles depuis 1780, il a été éadopté par tous les cultivateurs

Les cendres : provenant des manufactures de vitriol, de la tourbe ou de la suie sont également utilisés

Les boues : des mares, des rues et des fossés très actifs et d'effet durable sont très utilisées

Semailles, moissons : Pendant le mois d'octobre et jusqu'au 10 novembre, on sème le seigle, ensuite le blé, puis les vesces et lentilles d'hiver. De fin mars jusqu'à la mi-mai, on sème l'avoine, puis les bisaille, les vesces d'été et lentilles d'été, l'orge, les fourrages légumineux. La moisson a lieu à la mi-juin pour les luzernes, et à la fin de juin pour les autres fourrages légumineux. On coupe les prés naturels dans le courant de juillet ; en août, on fait les seigles, puis les blés, ensuite les orges, les avoines, les pois, vesces et lentilles, enfin les recoupes des fourrages légumineux.

Plantes nuisibles :

le chardon : ou serratule qui croit partout

la senvre : ou sanvee, espèce de moutarde nommée aussi fausse-navette

le coquelicot : ou ponceau dans les terres légères

mais on trouve aussi : le pois gras ou faux poix, le vesseron ou fausse vesce, la gaze ou faux lentillon, la trainasse ou herbe à cochon et la renoncule rampante (que les cultivateurs désignent, par les noms, de vuide-grange, pipon, bacinet, persu) elle est très nuisible à cause de sa propagation. Citons également : la cuscule ou teigne, la rouille et le charbon ou nielle, et enfin le blé noir ou carie.

Animaux redoutés : Ce sont les lapins, les pigeons, les taupes et les tans ou larves de hannetons ; mais aussi les mulots et les pucerons qu'on appelle vert-vétu.

Grains

Le blé : la culture du blé s'étend sur les trois-quart des terres labourables qui occupent les cinq neuvièmes de la superficie du canton. On cultive principalement les variétés connues sous les noms de blé blanc et de blé rouge tantôt séparément, tantôt ensemble. On a essayé le blé à grain blanc, qui donne une farine supérieure, mais on y a renoncé à cause de la facilité avec laquelle le vent l'égrenait. La récolte reproduit de sept à neuf fois la semance.

Le méteil : c'est un mélange de blé et de seigle qui se fait au moment des semailles (le seigle rentre pour un huitième dans le méteil mais reproduit plus que le blé, car à la récolte, il y a presque toujours un quart de seigle).

Le seigle : le seigle ordinaire est cultivé dans tout le canton sur une étendue identique à celle du froment.

L'orge : l'orge d'été est cultivé principalement dans la vallée de Bray. La récolte reproduit jusqu'à treize fois la semance.

L'avoine : l'avoine occupe les trois cinquièmes des terres labourables ; elle rapporte le double environ des autres graines. On cultive quatre variétés : l'avoine noire ordinaire, la grosse avoine noire, l'avoine blanche à paille blonde, et enfin l'avoine à grappes.

Menus grains :

On cultive la vesce d'hiver et la vesce d'été dans la vallée du Bray, et dans le plateau méridional, la vesce d'été seulement, l'autre y gelant presque toujours ; cette récolte n'est pas très abondante.

La bisaille ou pois des chevaux, est cultivée dans tout le canton

La lentille d'été et celle d'hiver réussissent dans la vallée, tandis que la lentille d'été peut seule être conservée au-dessus de la grande falaise, le froid faisant périr l'autre variété.

Le haricot n'existe que dans les potagers, le sarrazin et le maïs sont entièrement inconnus dans le canton.

Tous les grains sont battus au fléau dans la grange ; on les vanne avec le van à main ou au moyen d'un mouin appelé tarare ou tallard. On les nettoie avec le crible à main dit crible normand, ou avec un cylindre à inclinaison oblique ; ce dernier instrument est employé surtout pour débarasser de l'ivraie les grains destinés à l'ensemencement.

Autres cultures

La pomme de terre : cette racine précieuse existait dans le canton depuis 1770, introduite par les marchands ambulants lorrains. Pendant longtemps on la cultiva comme objet de curiosité, et c'est vers la révolution de 1789 que cette plante se répandit et devint une ressources contre la famine.

La betterave, le colza, la navette, la cameline, l'oeillette : quelques personnes en sèment pour leur usage domestique, mais aucun n'en fait un objet de spéculation. La betterave essayée à Villotran, n'ya pas réussi.

Le chanvre : Il est à peu-près cultivé partout, sans que cependant la production en soit considérable. Cette plante est moins répendue sur le plateau méridional, parce que le sol lui est moins favorable, et que la population féminine occupée à la fabrication des dentelles, ne peut se livrer à la filature et au tissage du chanvre. Le chanvre récolté pourvoit aux besoins de chaque ménage, et dans la vallée de Bray, un sixième environ de la filasse est livrée au commerce ; sa préparation fait, l'occupation des femmes et filles pendant les soirées d'hiver ; les produits sont de bonne qualité, sans être remarquables par leur finesse.

Le lin : De culture plus chanceuse et de préparation plus difficile, il est moins cultivé.

L'osier : de culture très peu étendue ; on en distingue trois variétés : le rouge, le franc ou jaune, et l'osier angélique.

Les vignes : la vigne autrefois cultivée sur les hauteurs de Frocourt a pratiquement disparue. Il n'est pas douteux que cette culture disparaitra bientôt entièrement. La consommation annuelle du vin dans le canton peut être évaluée à trois cents hectolitres, terme moyen, que le commerce amène de l'extérieur.

Arbres fruitiers : les pommiers à cidre présentent dans le canton des variétés sans cesse modifiées par la culture, et d'autant plus difficiles à indiquer que leurs noms changent avec les localités.

On peut citer :

La pomme morgenne, la pomme d'orgueil ou hardivillers (qui est une des meilleures)

Les barbari blanc , gris, à glêne, la pomme d'ail amer, celle de cave (qui se garde longtemps)

La rouge brière, le brédon, la saint-Michel, la surette, le rambours (les deux meilleures)

La pomme normande ou pigeonnet amer (abandonnée car le cidre était noir)

On trouve aussi des poiriers en moindre quantité.

Les fruits à couteaux sont l'objet d'un petit commerce à Auteuil et Berneuil. Il en est de même pour les fraises sauvages qu'on recueille dans les bois.

Bois, prairies, patures

Bois : les bois et forêts occupent plus du quart de la superficie du canton, soit 4458 hectares

La forêt connue sous le nom du bois du parc, située sur le territoire de St-Paut représente sur le canton une superficie d'environ 453 hectares ; l'essence dominante est le chêne pour les 3/4, le surplus est en hêtre, charme, bouleau et peuplier. Le rendement moyen annuel de ce bois est de 2763 stères et 11325 bourrées (le rendement moyen annuel pour le canton peut être estimé à 26742 stères en rondin et bois de charbon, et à 110000 bourrées ou fagots ; la plus grande partie est exportées).

Les bois communaux de La Houssoye d'une étendue de 22 hectares ne contiennent que du bouleau. Ils sont divisés en cinq coupes effectuées dans la période de dix années. La production moyenne par an et par hectare, est évaluée à un stère de bois de chauffage. Le bouleau de croissance rapide, et qui étouffe la bruyère est en général l'essence préférée, mais les jeunes pousses sont sans cesse détruites par l'industrie locale qui consiste dans la fabrication des balais ; cette industrie est si active, qu'en quelques lieux on a été obligé de renoncer au bouleau !

Prairies et patures : Les prairies sont situées dans la vallée du Bray ; en général elles sont peu soignées (la production totale de foin par an, peut être évaluée à 526240 bottes de six à sept kilogrammes chacune)

introduit en 1809, la méthode des herbages normands est adopté en Bray. Vers La Houssoye des parcelles de prés secs donnent des foins très fins.

On cultive de préférence le trèfle des prés ; dans l'origine on semait le fourrage avec le blé, ce qui empéchait de le herser ; depuis, on a adopté l'usage de le mêler dans l'avoine et dans l'orge. Le trèfle blanc est reconnu comme excellent pour le paturage des moutons.

Le sainfoin ou bourgogne quoique moins répandu, est particulièrement propre à la nourriture des chevaux.

Il n'y a dans le canton que de la luzerne ordinaire.

Toutefois les luzernes et les safoins seraient plus productifs s'ils n'étaient pas continuellement rongés par les moutons (malgré tout il faut considérer qu'ils ne se prennent que sur la jachère, sans diminuer les emblavements).

Animaux ruraux

Les chevaux : exclusivement employés pour les travaux d'agriculture et de transport. Les races normande, boulonnaise, du vimeux et du perche servent à la grande culture. La petite culture n'emploie guère que des chevaux picards ou lafériens. Le nombre de chevaux s'élève à 1430 ; à savoir 921 mâles et 509 femelles.

Les mulets : on en voit guère de mulets que chez les propriétaires des usines à farine.

Les baudets : on les utilise comme bêtes de somme ; ce sont des animaux dont l'utilité est méconnue, qu'on nourrit mal, et qu'on excède par un travail forcé.

Les boeufs : il n'y a pas de boeufs dans le canton, malgré la grande quantité de vaches

Les vaches : une exploitation de cent cinquante hectares a ordinairement quarante vaches, et la proportion est beaucoup plus considérable dans la petite culture où l'on trouve jsuqu'ç trois pour cinq hectares. Le nombre des taureaux est de 45, celui des vaches de 3125.

On fait du beurre dans toutes les fermes, toutefois on achète à Beauvais des veaux de huit à dix jours ; souvent une vache laitière allaite ainsi trois ou quatre veaux (on ajoute même au lait de la vache des oeufs, du pain, de la farine et autres substances nourrissantes).

Les moutons : le nombre de moutons et brebis est de 10000 environ, auxquels il faut adjoindre 1500 métis et quarante béliers. La force d'un troupeau varie depuis cent cinquante bêtes jusqu'à quatre cents. Il y a quelques mérinos purs à La Houssoye. Il y a quinze chèvres au plus dans le canton.

Les porcs : on élève une grande quantité de porcs, on trouve dans chaque ferme autant de cochons qu'il y a de vaches laitières. On les nourrit avec des pommes de terre bouillies, du laitage, de l'orge moulue et du son.

Les volailles : le nombre de volailles est considérable, notamment celui des canards et des oies ; on y trouve moins de dindons. il y a moindre grande quantité de poules dont les oeufs donnent lieu à un commerce avec Paris. Il y a peu de pigeons.

Les abeilles : il y a des abeilles dans la plupart des villages, chaque commune fournit par an, terme moyen, 25 ruches.

Avant l'introduction et l'adoption des prairies artificielles par manque de fourrage, on ne pouvait avoir beaucoup de bestiaux, ni par conséquent produire assez de fumier pour survenir aux besoins des terres labourables. La multiplication des bestiaux a donné naissance au commerce du beurre et des veaux gras ; les vaches fournissent en outre pour les terres des engrais meilleurs et plus abondants et par la suite, des récoltes plus riches et une plus grande quantité de paille pour les fumiers.